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Revues d’ethnologie et ethnologie dans les revues


L’ambition de toute revue est de modeler son propre temps, en cela elle se différencie du tout venant des livres. Pour elle le travail d’élaboration et de fabrication doit nécessairement se répéter ; au-delà de l’élan premier se bâtit peu à peu une histoire qui, pour une large part, dépend d’un savoir-faire obstiné, progressivement accumulé. Tout fondateur de revue conçoit son objet, le lance, suppute sur son marché possible, observe les résultats de sa diffusion, ajuste parfois son projet à la demande pressentie. S’il est auteur, sans doute, il devient vite éditeur, il en acquiert les réflexes et les compétences.
Ces caractères, pourtant essentiels, ne seront pas au centre de cet exposé pour la simple raison que l’enquête sur la naissance et les modalités concrètes d’existence des revues d’ethnologie, sur les conditions réelles de leur durée, reste à conduire. Cependant, donner, comme nous allons le faire, la priorité à un tableau de l’ethnologie en revues - en privilégiant l’organisation intellec-tuelle et institutionnelle de l’ethnologie en France - ne nous éloignera pas tellement de ce travail réitéré ; nous verrons au passage combien une forme - titre, format, mise en page... -, une périodicité, un choix éditorial traduisent fidèlement les positions, les aspirations et les évolutions des divers acteurs.
Partons donc de cette autre particularité de toute revue : sa genèse et son histoire sont toujours collectives, inscrites dans un champ de relations qui possède sa configuration et son histoire. Pour comprendre le dernier tiers de siècle qui a vu, en France, le réseau des revues d’ethnologie atteindre sa plus riche densité, une pluralité d’angles de vue est indispensable, elle évite de « surexposer  » indûment telle portion du paysage. Nous en avons choisi trois qui renvoient tous à la définition même de l’ethnologie comme savoir : le premier considère le coeur vivant d’une discipline en train de se fonder, le second s’attache plutôt aux implications locales de ce savoir, le troisième décrit les mouvements centrifuges qui voient l’ethnologie générer sur ses marges des domaines particuliers, à la frontière des disciplines. Chacun de ces surgisse-ments, chacune de ces recompositions donnent naissance à des revues qui affirment leur différence. Cette effervescence semble avoir atteint son point culminant autour de l’année 1985 ; à partir de là peut-on pressentir des agencements nouveaux, d’autres efflorescences ou, du moins, après une période fertile en expériences diverses, un état d’équilibre durable ? Telle sera notre ultime question.

Fonder une discipline [1]

La guerre finie, une fois circonscrit le débat sur les manipulations de l’ethno-logie tout au long de la période vichyste, le centre parisien - l’oeuvre conjointe de Paul Rivet et de Georges-Henri Rivière au Musée de l’Homme et au Musée des Arts et Traditions Populaires - se remet en place. Dès 1947, un bulletin dactylographié, le Mois d’Ethnographie Française, manifeste, avec Marcel Maget, une reprise des enquêtes de terrain, avec Louis Dumont un effort de bibliographie critique, avec Georges-Henri Rivière une relance des projets muséographiques. Son intitulé consacre la disparition du mot « folklore » pour désigner ce domaine du savoir ; déjà, en 1943, l’introduction de l’expression « ethnographie folklorique » avait marqué une timide mais réelle distance à l’égard du vocabulaire obsédant de la « Révolution Nationale », il fallait bien que la « science » se distinguât de la mise en scène d’une emblématique de propagande. Pourtant le Mois d’Ethnographie Française ne fut pas la seule revue à naître dans ces années-là. Dès 1946, Arnold van Gennep et Henri Poulaille - le militant, avant-guerre, de la « littérature prolétarienne » - avaient lancé Le Folklore Vivant, luxueuse et éphémère revue qui, pour sa part, marquait sa répulsion à l’égard du proche passé par un adjectif - vivant - et aussi un contenu qui renouait avec le « populaire » au sens progressiste du terme. En 1949, et pour deux années seulement, Van Gennep lançait aussi la Nouvelle Revue des Traditions Populaires qui s’affirmait comme l’héritière du titre fondé et animé, dès 1886, par Paul Sébillot. Dans le droit fil de sa fameuse ancêtre elle se préoccupa essentiellement de rites et de récits, fidèle à la toute première acception du mot « folklore ». Aussi le Mois d’Ethnographie Française fut-il, en dépit de sa modeste présentation, le laboratoire d’une conversion professionnelle de l’ethnologie de la France tandis que les revues de Van Gennep affirmaient, au contraire, la certitude d’une continuité et d’une légitimité qui n’avaient pas à se remettre en cause. Pendant l’Occupation Van Gennep ne s’était-il pas replié sur Bourg-la-Reine, vivant chichement de traductions administratives, poursuivant dans la plus complète discrétion la rédaction de son Manuel... mais n’hésitant pas à exprimer, en 1942, ses doutes sur l’ethnographie d’Henri Pourrat, alors chantre zélé du maréchal [2] ? En 1953 cette divergence latente et ses effets paradoxaux s’estompèrent : la revue Arts et Traditions Populaires, organe officiel du Musée, est créée sous la présidence de Van Gennep ; elle est l’organe de la Société d’Ethnologie Française qui succède à la Société de Folklore Français, si active avant-guerre puis déconsidérée et finalement éteinte au temps de la Collaboration. L’ethnologie de la France a, semble-t-il, renoué ces fils et, désormais, le Musée des Arts et Traditions Populaires abrite une revue dont l’évolution interne reflète les interrogations de la discipline dans les limites que l’institution nationale génère. Ainsi, en 1971, alors que le musée a gagné le lieu que Georges-Henri Rivière lui avait assigné, la revue change-t-elle de titre, de forme et d’orientation, devient Ethnologie Française et se trouve délibérément placée par Jean Cuisenier sous l’égide des disciplines dominantes - histoire, sociologie, sémiologie - dont l’attraction est alors très sensible dans la compo-sition des nouveaux comités de direction et de rédaction [3].
Au début des années cinquante le partage académique du territoire de l’ethnologie est très clair. Seule L’Ethnographie, la vénérable revue de la Société d’Ethnographie de Paris qui, en 1946, vient de renaître de ses cendres, conserve une orientation généraliste, elle accueille tous les travaux, quel que soit leur terrain. Par ailleurs, la revue du musée des Arts et Traditions Populaires se limite à la France, avec quelques rares incursions en Europe, et les grandes aires culturelles exotiques possèdent leurs propres bulletins et collections de mémoires. L’augmentation progressive du nombre d’ethnologues professionnnels et l’apparition de nouveaux pôles de croissance allaient très vite bouleverser ce paysage. Citons, d’abord, pour mémoire, les deux brillantes années de la Revue de Géographie Humaine et d’Ethnologie (1948-1949) dans laquelle A. Leroi-Gourhan et A. G. Haudricourt illustrèrent le courant, très vivant en France, de la technologie comparée. Il fallut ensuite attendre, en 1960, la création par Cl. Lévi-Strauss du Laboratoire d’Anthropologie Sociale pour voir naître simultanément L’Homme et Etudes Rurales qui, hors de l’espace universitaire traditionnel tout à fait stérile en ce domaine, allaient avoir des effets remarquables. A première vue, pourtant, nous restons dans la logique d’un partage des territoires ; la diversité des orientations affiche plus une complémentarité qu’une concurrence. A L’Homme revient l’anthropologie des lointains, à Etudes Rurales l’approche pluridisciplinaire des sociétés paysannes dans toute l’étendue de l’espace et du temps. Mais ces délimitations se révélèrent assez vite - et heureusement - très souples. La possibilité et la réalité effective d’une anthropologie de la société française ont conduit L’Homme à accueillir des articles qui, dans un premier temps, prolongent des thèmes classiques la parenté bretonne en 1965, la cuisine bas-normande en 1966. La série des articles sur Minot, qui parurent de 1970 à 1980, illustra avec talent l’unité de la démarche anthropologique, point n’était besoin d’exhiber des alliances flatteuses, de se ressourcer à des disciplines tutélaires. Pour Etudes Rurales la publication, en 1961, du grand article de Pierre Bourdieu sur le célibat en Béarn avait déjà donné le ton ; parmi le concert des savoirs sur les campagnes l’anthropologie sociale a droit de cité, elle ne cesse d’affir-mer son influence.
Un instantané de la situation en 1985 saisit donc le tableau suivant : ces trois revues nationales sont à première vue fermement imbriquées. Les rédacteurs peuvent appartenir au même laboratoire, les comités de rédaction peuvent en partie se recouvrir et, surtout, les jeunes ethnologues travaillant sur la France et l’Europe participent simultanément aux trois revues. Certes la concurrence existe mais elle est moins fondée sur des rivalités de chapelle et de personnes que sur une hiérarchie implicite dont L’Homme, moins accueillant aux travaux sur l’Europe, occupe le sommet. La position de l’ethnologie vient renforcer cette relative homogénéité : face à de très puissants voisins l’heure est à l’affirmation d’une conception autonome et unitaire, les conflits, pourtant bien réels, ne donnent pas forme au champ des revues. A la différence de l’histoire et de la sociologie, dont presque tous les périodiques sont affiliés à des obédiences théoriques et idéologiques distinctes, l’ethnologie s’efforce d’inté-grer en chacune de ses revues la diversité des inspirations et des références, au point d’aboutir, à terme, à une relative indifférenciation. Les numéros spéciaux des années quatre-vingt, qu’ils portent sur la parenté, les patronymes ou la ville.., exhibent cette convergence. De même l’aggiornamento, en 1984, de L’Homme et d’Etudes Rurales vient-il confirmer cette volonté de libre-échange que le repli sur le terrain français d’ethnologues des lointains impose dans les faits ; l’ancien partage territorial et thématique tend à s’effacer et c’est ensemble que les trois revues nationales - épisodiquement renforcées par L’Ethnographie qui, de 1977 à 1988, tente de se renouveler - forment l’espace de consécration professionnelle pour tous les ethnologues.
Sans doute cette longue phase - de 1946 à 1985 - correspond-elle, en France, à un temps de définition de la discipline au sens que Michel Foucault donne à ce terme, c’est-à-dire non pas une science mais « un ensemble de méthodes, un corpus de propositions, de techniques et d’instruments  » (1970 : 32) s’appliquant à « un plan d’objets déterminé  » (id 33). Un tel « système anonyme à la disposition de qui veut  » fait passer au second plan le personnage de l’auteur conçu comme le principe d’unité et de vérité du discours [4]. Alors la revue, avec son flux continu d’articles, son implicite et constant travail d’orientation, de négociation, de remodelage et de réécriture n’est-elle pas le lieu par excellence d’une élaboration disciplinaire ? C’est en tout cas ce que suggère, pour l’ethnologie de la France, la période récente : peu de livres, la plupart prisonniers de l’exercice universitaire ou du désir fallacieux de vulgariser, mais, en revanche, combien d’articles neufs qui, pour les plus marquants, se donnent comme défense et illustration de la démarche anthropologique et de son pouvoir de découverte.
Cette phase fondatrice trouve dans les plus récentes créations de revues nationales une confirmation et un nouveau déploiement. En 1986 naît Gradhiva, consacrée à l’histoire de l’anthropologie, elle prolonge, avec son style propre, un travail amorcé remarquablement par des chercheurs nord-américains qui, avant d’être des anthropologues, sont des analystes de la modernité [5]. L’ethnologie a, en effet, longtemps vécu sur l’ignorance, la caricature ou le déni de sa propre histoire et l’on peut voir dans la parution de Gradhiva l’indice d’une identité mieux assumée jusque dans ses contradictions et ses errements. Dans une certaine mesure Terrain, qui naît en 1983 mais ne prend véritablement forme que l’année suivante, constitue une expansion symétrique. Son objet n’est pas l’histoire critique de la discipline mais l’actua-lité de ses terrains français et, de plus en plus, européens. Etroitement liée, dans les premiers temps, aux thèmes de recherche proposés par le Conseil du Patrimoine ethnologique, elle a élargi peu à peu ses domaines ; conjoignant un fronton thématique et des fiches d’information très fouillées elle constitue maintenant une chronique fidèle des recherches en cours. S’y côtoient donc des textes émanant de chercheurs chevronnés et d’autres de jeunes ethnolo-gues dont Terrain devient, de plus en plus, le banc d’essai, rôle que ne peuvent tenir les autres revues nationales. Mais Terrain est aussi une revue charnière dans le champ de l’ethnologie. En effet la notion de « patrimoine ethnologique », suscitée en 1979 par Isac Chiva au sein du ministère de la Culture, est, par nature, porteuse d’une féconde ambiguïté. D’une part elle entérine la capacité de l’ethnologie à produire des connaissances originales sur la société française contemporaine et, d’autre part, en s’attachant à mettre en valeur les actions dispersées qui prennent l’ethnologie comme référence, en reconnais-sant la diversité des lieux - musées, écomusées, associations... - où ce discours prend forme, elle légitime un « savoir local » plus ancien, plus composite, périodiquement effervescent et qui, lui aussi, possède son propre réseau de revues que nous allons explorer maintenant.

Affirmer un savoir local

Lorsque, au milieu des années trente, Georges-Henri Rivière conçoit son programme d’une ethnographie de la France, il imagine d’emblée une architec-ture à deux niveaux. A Paris, le musée-laboratoire, flanqué de la Commission Nationale des Arts et Traditions Populaires, de la Société de Folklore Français et d’une revue de même titre ; en province des pôles départementaux idéale-ment pourvus des mêmes organes dont, en particulier, des revues qu’il fallait créer [6]. Nous sommes, en effet, en marge de l’université et tout le projet repose sur la fédération de libres engagements, donc sur une orientation nouvelle de la sociabilité érudite mise en place au cours du XIXe siècle. Ainsi naquirent en 1938, selon les voeux de Georges-Henri Rivière, trois bulletins - en Champagne, Languedoc et Ile-de-France [7] - qui s’ inséraient dans ce canevas. Si tous survécurent à la guerre ils connurent ensuite un destin autonome et la construction en « réseau » n’aboutit pas à la multiplication de petites revues coordonnées et des groupes d’ethnographes amateurs qui les auraient nourries. On connaît les causes historiques de cet échec et il faudra un jour revenir sur la captation de cette « régionalisation » de la recherche par l’idéologie pétainiste mais, au-delà de cette dérive, il semble qu’une double crise - intellectuelle et sociale - ait mis à mal le projet même d’une connaissance programmée en vue de la cumulation de descriptions comparables.
D’abord l’évolution interne de la discipline se détournait du modèle d’ethnographie dans l’espace tel qu’il avait été conçu par les fondateurs. Celui-ci reposait sur une division du travail assez simple : un questionnaire fermé était élaboré par des spécialistes et administré localement par les érudits. Mistral, Sébillot, Van Gennep, Lucien Febvre... ont collecté de cette façon des « faits »localisés mais préalablement construits [8]. Or, après la guerre, d’autres modèles de descriptions, en particulier monographiques, s’efforcent de mettre en évi-dence non plus des traits emblématiques isolés mais des fonctionnements complexes, telle est désormais la méthode qui ne sépare plus le moment de la collecte et le moment interprétatif4. Il aurait fallu que l’érudit, par ailleurs lecteur d’archives, inventeur de sites archéologiques ou herboriste méticuleux, se transformât en ethnologue. L’apprentissage impossible d’une discipline en train de se chercher ne pouvait que décourager une érudition locale qui, dans les années cinquante, perdait ses fantassins les plus dévoués. Curés de village, instituteurs, professeurs de lycée ne tirent plus leur prestige de la production du savoir sur le lieu ; éducation populaire puis animation socio-culturelle sollicitent les plus actifs, ils rejoindront, plus tard, une certaine curiosité ethnologique mais par un tout autre chemin.
Donc le plan des années trente a échoué, la jonction entre la discipline en construction et l’accumulation locale du savoir n’a pas eu lieu. Arts et Tradi-tions Populaires a certes tenté, dans les dix premières années de son existence, de concilier les extrêmes en se présentant à la fois comme une revue de professionnels et un bulletin d’information attentif aux initiatives locales mais nous avons vu comment, en 1971, la nouvelle Ethnologie Française a rompu avec cette dualité. Pourtant des revues régionales et locales existent aujourd’hui, leur naissance et leur essor obéissent à des logiques nouvelles et diverses, nous en retiendrons trois qui toutes confirment le lien entre revue, institution et projet culturel.
L’ethnologie, nous l’avons vu, n’a pu s’immiscer dans la pratique des sociétés savantes, elle n’avait pas la légitimité d’une discipline traditionnelle, elle n’en avait pas non plus la méthode simplifiée, celle qui permet la division des tâches, et puis, sans doute, arrivait-elle trop tard, au moment même du déclin - relatif et inégal - de ces institutions [9]. Pourtant, dans les villes universitaires, le « savoir local  » a été, dès les années vingt, reconnu et pratiqué comme un exercice intellectuel noble. Historiens, géographes et archéologues ont pris pour terrain leur région, ils ont parfois accueilli l’ethnographie parmi les disciplines descriptives et lui ont fait place dans les grandes revues régiona-les, ces organes des nouvelles sociétés savantes, consacrés par l’université et, en principe, plus exigeants quant au niveau de compétence de leurs contribu-teurs. Mais ce cadre général n’a suscité que des réalisations particulières, chaque revue régionale, en effet, constitue un cas d’espèce. Si les Annales du Midi, publiées à Toulouse, sont peu ouvertes à l’ethnologie, Provence Histori-que à Marseille ou les Annales de Normandie à Caen y sont beaucoup plus attentives. Etudes Corses, de par la situation de l’île, tend à ordonner son érudition autour des questions d’identité ; aussi, depuis 1975, l’ethnologie y occupe-t-elle une place grandissante ; ce fut aussi le cas, pendant quelques années, de la Revue Régionaliste des Pyrénées attachée à l’inventaire des techniques et des modes de vie béarnais. Promue, ici et là, par la mutation universitaire de la revue savante, l’ethnologie reste cependant trop peu ensei-gnée pour donner naissance à ces bulletins internes, publiés par les presses des universités comme une émanation du groupe des enseignants. Des séries existent à Bordeaux, depuis 1970, à Montpellier depuis 1986, mais seule la Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, publiée à Strasbourg, s’est assurée un rayonnement qui dépasse les limites communes de l’autopublica-tion. Le cas d’Ethnologia est autrement symptomatique ; la revue est issue d’un bulletin savant pluridisciplinaire, Etudes Limousines, où se côtoyaient l’histoire, l’archéologie, la géographie humaine et l’ethnologie. Cette dernière, très marginale à l’université de Limoges, a tenté de s’affirmer, après 1977, à travers une véritable revue, inversant, en quelque sorte, le processus habituel mais ses difficultés de parution dénoncent aujourd’hui la fragilité d’une base institutionnelle dont elles confirment en retour la nécessité.
En effet, lorsque l’université fait défaut, délaissant son rôle de production, de promotion ou de diffusion du savoir local, la revue ne peut être hébergée que par une institution qui prend à sa charge ces fonctions. Dans de nombreux pays de l’Europe du Nord et du Centre le musée régional occupe cette place, c’est le cas en France, à Grenoble, pour le musée dauphinois qui accueillit en 1973 Le Monde Alpin et Rhodanien, revue fondée par un ethnologue, Charles Joisten. Certes la mutation universitaire de la revue était inscrite dans le projet initial et elle a très vite eu lieu. Le Monde Alpin et Rhodanien s’est d’abord imposé comme une revue régionale de qualité - à vrai dire la seule en France - jouant, en Rhône-Alpes, le rôle d’accueil et de consécration pour de jeunes chercheurs qui y côtoient des ethnologues, des linguistes et des historiens travaillant dans son espace de référence, parfois comparé à d’autres terrains. Par là, cette revue témoigne d’un cheminement, d’une oscillation ou d’une rencontre entre un programme de « savoir local » et un effort de construction de la discipline, aussi vient-elle, surtout avec ses numéros spéciaux, s’agréger au groupe restreint des revues fondatrices.

Reste un dernier surgissement, le plus confus sans doute, le plus difficile à cerner, mais dont on peut affirmer aujourd’hui l’importance grandissante, il nous conduit jusqu’aux frontières de la revue et du magazine culturel. Après la guerre, peu à peu, les acteurs de l’ancienne sociabilité savante ont glissé vers l’animation, l’éducation populaire, l’action culturelle qui, dans les années soixante-dix, a pris en charge dans certaines régions l’inventaire et l’expression d’une mémoire qualifiée de « rurale » ou de « populaire ». Ce nouveau pôle s est souvent constitué contre les notables érudits, restés fidèles au modèle antérieur du savoir sur l’espace local, aussi a-t-il généré ses propres organes d’expression associations, musées et aussi revues. Et c’est là que la variété des situations et des choix est déconcertante. Quelques-uns - par exemple Aguiaine en Poitou, Saintonge et Vendée -n’ont pas rompu avec une forme d’expression littéraire régionaliste et se trouvent donc, dans leur propre pays, souvent contestés par des publications plus jeunes et plus militantes. Mais la mutation principale touche plutôt l’économie de la revue, au sens général du terme. Si Quercy-Recherche, née en 1974, reste une revue artisanale, cepen-dant soutenue par la publicité, Cénomane dans l’Indre et, surtout ArMen en Bretagne représentent une nouvelle génération. Cette dernière, diffusée en kiosque, richement illustrée, accompagnée de collections de luxueux ouvrages, entérine la fin de l’ère militante. Sa recherche d’une forme nouvelle de commu-nication suppose l’émergence d’un public différent qui reflète des mutations récentes de la société française. Si les autochtones peuvent se reconnaître dans l’élégant miroir de la revue, ils sont rejoints non seulement par les émigrés nostalgiques mais aussi par les nouveaux installés, grands consommateurs d’un savoir qui les « naturalise », et encore par les passants, les touristes. Aussi les tirages d’ArMen - 15 000 à 20 000 exemplaires - sont-ils sans commune mesure avec la diffusion moyenne des revues d’ethnologie. Quelles connaissaces vulgarise ce genre de magazine ? En fait un savoir à l’ancienne converti au goût du jour ; comme par le passé la localisation prend le pas sur la cohérence interne - tout est intéressant à condition d’être du lieu - mais l’écologie a remplacé les sciences naturelles et l’ethnologie l’érudition historique... tandis que la maquette et la présentation sont des plus attrayantes. En cela pareille revue n’est plus simplement un lieu d’inventaire et d’exhibition du patrimoine régional ; en le définissant, en le révélant elle le fait entrer dans la modernité de l’échange économique et elle instaure pour l’ethnologie un nouvel espace de légitimation, décisif sans doute pour que soient sollicités les pouvoirs - proches ou centraux.

La dispersion aux confins

Discipline et savoir local, telles sont donc les deux finalités, parfois contra-dictoires, en tout cas d’articulation délicate, qui orientent l’ethnologie de la France et que la notion récente de " patrimoine ethnologique " s’efforce de concilier. La diversité actuelle des revues s’explique, à nos yeux, par cette tension principale - qui marque tout particulièrement ce domaine en sociolo-gie les contradictions sont très différentes, en histoire elles ont été, avec le temps, autrement aménagées. Mais la dispersion - et la richesse - actuelle de l’ethnologie fait aussi entrer en jeu deux autres mouvements dont la tension première peut accentuer la force et souligner les effets. D’abord, depuis une quinzaine d’années surtout, la discipline est soumise à une logique de spécialisation et de confrontation qui conduit à la multiplication des revues. Ensuite, les découvertes de l’ethnologie, ses analyses de la société entrent, par intermittence, dans l’espace des revues en général ; ce rayonnement au-delà des cercles initiaux - disciplinaire, local et patrimonial - mérite aussi attention si l’on admet, pour le déplorer parfois, que le poids relatif d’une « science humaine » s’évalue aussi sur ce terrain extérieur.

La médiocrité des crédits de soutien aux revues scientifiques a souvent incité le pouvoir administratif central à prêcher leur fusion ou la réduction de leur nombre. Ce choix heurte de front l’ethnologie où, nous l’avons vu, les universités, qui pourraient, comme en histoire ou en psychologie, entretenir ou soutenir la diversité, sont presque absentes. Mais cette injonction périodique n’a jamais eu un réel effet ; bien au contraire, depuis le début des années quatre-vingt, les revues, projetées et réalisées, se multiplient, attestant d’une activité constante de redéfinition, de découpage conceptuel. A côté des créa-tions que nous avons d’emblée présentées et qui renforcent le noyau de la discipline d’autres témoignent plutôt de son cloisonnement interne. La place nous manque pour réfléchir sur l’origine et le sens de cette dispersion, nous y reconnaîtrons simplement trois tendances bien affirmées qui, chacune, tra-vaillent à la reconnaissance de leur spécificité dont la revue est le signe et le moyen.
La première s’efforce de cerner dans la totalité sociale et culturelle un objet ou un domaine, déjà bien repérés par l’ethnologie classique mais susceptibles d’une approche unifiée qui comprenne les phases canoniques de l’analyse : description, compréhension dans un ensemble localisé, explications générales de type historique ou sociologique. Sur cette même base ont germé des revues thématiques consacrées à la technologie générale (Techniques et Culture 1983) ou à l’un de ses secteurs particuliers (Anthropologie Maritime 1984), aux savoirs naturalistes (Jatba depuis 1977, Savoirs 1988) récemment prolongés d’un appendice, l’ethno-médecine. L’enjeu est ici relativement clair : il s’agit soit de «  sauver

l’infrastructure » jugée trop négligée par l’anthropologie sociale à la française soit, selon une ambition récente et encore assez nébu-leuse, d’absorber l’ethnologie dans les sciences cognitives afin de repenser de fond en comble ses principes.
Ce dernier point rejoint le deuxième courant centrifuge, celui qui découpe et autonomise des champs nouveaux au point de tangence des disciplines. En ce domaine les pionniers jouent longtemps leur rôle d’ancêtres tutélaires. Ainsi l’ethno-psychiatrie de G. Devereux est-elle un héritage particulièrement convoité dont une revue s’est vite appropriée l’intitulé. En matière d’ethnolo-gie juridique la querelle des ancêtres et des définitions est significative d’un débat idéologique qu’accueille surtout Droit et Culture (1981). Notons cepen-dant qu’il n’existe, en France, aucune revue autonome traitant, par exemple, des relations entre ethnologie et linguistique (Langage et Société (1977) a une ambition plus large) ou entre ethnologie et histoire (Anthropology and History fut une brève aventure), tant ces dialogues sont placés, de façon plus ou moins latente, au coeur de la construction disciplinaire. Une exception cependant, pour l’instant tout à fait isolée mais de grande importance dans le débat actuel sur l’extension de l’anthropologie non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps, la revue franco-grecque Métis (1986), sous-titrée « Revue d’anthropologie du monde grec ancien  », elle a pour ambition de repenser l’apport des disciplines humanistes - philologie, archéologie et histoire.
Enfin, troisième tendance, selon une tradition ancienne de l’ethnologie européenne, plusieurs revues se proposent d’élucider des oeuvres élaborées, à la fois comme des langages spécifiques et comme des témoins des sociétés. La musique, la littérature orale ont ainsi leurs organes propres. Ce n’est pas encore le cas des arts plastiques - dits populaires - et une revue européenne d’ethnologie des formes, projetée au début des années quatre-vingt, n’a pas réussi à voir le jour.
Objets partiels, confins disciplinaires, formes expressives viennent croiser en plusieurs points l’axe qui oppose et unit discipline et savoir local. Ainsi le débat sur les principes et les frontières de l’anthropologie emprunte-t-il souvent le détour d’un nouveau découpage interne qui, lui-même, peut se trouver pris dans les mailles du savoir localisé lorsque l’inventaire - des savoirs et des oeuvres - coïncide avec un espace restreint et se pare de la vertu patrimoniale. Notons surtout que toutes ces tentatives ne remettent pas en cause la discipline elle-même, elles posent plutôt en principe que la compréhension de leur domaine particulier ne peut advenir qu’en le resituant dans une totalité - réelle et théorique -, elles désignent donc comme leur « contexte  » la société et l’anthropologie en général.

Sans doute cette diversification interne contribue-t-elle - parfois au prix d’une certaine dissolution - à élargir l’influence de l’ethnologie mais plus décisive est sa présence dans des périodiques de plus large diffusion qui l’accueillent, la diffusent, en font une des sciences sociales les plus « deman-dées  » dans le concert culturel. Après avoir parcouru le champ actuel des revues d’ethnologie que dire, pour conclure, de l’ethnologie dans les revues ?
D’abord qu’il est impossible de s’en tenir au point de vue interne de la discipline, de ses développements et de ses conflits pour prendre une perspec-tive cavalière de cette dissémination. En fait l’ethnologie, ou plutôt tel ou tel de ses thèmes, telle ou telle de ses propositions, vient à un moment donné jouer un rôle stratégique dans la définition d’une revue culturelle, de son domaine d’élection et de ses références. Il serait donc nécessaire, pour être exact et complet, de suivre chaque parcours et de saisir à chaque moment l’état des relations que les revues entretiennent ensemble. Or les éléments de cette histoire intellectuelle et de cette sociologie historique nous font défaut et les rares études existantes sur les grandes revues ne se sont pas intéressées à l’accueil et à l’usage des sciences en général. Combien pourtant serait instructive une enquête sur l’ethnologie dans La Nouvelle Revue Française au temps de Paulhan, dans Critique sous la férule de Bataille puis de Jean Piel, dans Les Temps Modernes des années Merleau-Ponty [10]. Tenons-nous en pour l’instant à une distinction sans doute simplificatrice d’une part l’ethnologie constituée, définie par ses résultats, apparaît, de temps à autre, comme partie prenante d’un débat que quelques revues entretiennent ; de l’autre l’ethnologie est plutôt mise à l’épreuve dans un dialogue plus large, autour d’un objet particulier, convenu ou insolite, qu’une revue a choisi d’explorer.
Exemple parfait du premier usage : la discussion des années 1965-1970 autour du structuralisme. La théorie, artificiellement unifiée, a donné lieu à quelques numéros spéciaux célèbres - Esprit, novembre 1963 ; Les Temps Modernes, novembre 1966 - auxquels ont répondu, simultanément ou avec quelques années de décalage, d’autres courants herméneutique dans Esprit encore, marxiste dans La Pensée. Dans la mouvance de ce débat l’ambition ou le rêve d’une science générale des signes explique aussi la présence de l’ethnologie - au moins comme référence - dans la revue Communications à la même époque. Y a-t-il aujourd’hui des projets ou controverses équivalents ? Sans doute ; n’est ce pas l’ethnologie qui est prise à partie dans les discussions sur le relativisme, l’universalisme et leurs effets idéologiques ou encore sur le grand partage entre sociétés holistes et sociétés individualistes [11] ?
Face à ces rencontres ponctuelles, qui risquent de ne durer qu’une saison, d’autres revues s’offrent comme théâtre d’un plus profond échange. Les Anna-les ESC, la grande revue historique qui a longtemps dominé le paysage des sciences sociales, a entretenu, et entretient encore, avec l’ethnologie des relations à éclipses qui tiennent surtout aux discussions entre historiens que la « question anthropologique  » vient périodiquement raviver. Le Temps de la Réflexion (1980), Le Genre Humain (1982) et, surtout, la Nouvelle Revue de Psychanalyse, l’une des très rares revues de sciences humaines qui, depuis 1970, est assurée d’un succès continu, sont aujourd’hui des lieux décentrés où peuvent s’établir de vrais contacts disciplinaires moins par la discussion ouverte et directe que par le côtoiement, autour de thèmes singuliers, de lectures dont on a su préserver la diversité des origines et des langages. Il se peut, en effet, que le rayonnement de l’ethnologie passe moins aujourd’hui par la participation bruyante à quelques grands débats - n’a-t-elle pas répliqué par un silence entendu à l’accusation qui lui fut naguère adressé de prôner un relativisme culturel absolu ! - que par la démonstration précise de son effica-cité interprétative, s’exerçant sur des oeuvres, des situations et des sociétés qui ne sont éclairées qu’au terme d’une approche détournée.

Daniel FABRE

Bibliographie

ANGLES Auguste
1978-l987 André Gide et le premier groupe de La Nouvelle Revue Française, Paris, Gallimard, Bibliothèque des idées. 3 vols.

BELMONT Nicole
1973 Arnold Van Gennep, le créateur de l’ethnographie française, Paris, Payot, « Petite bibliothèque Payot  », n° 232.

BOSCHETTI Anna
1986 Les Temps Modernes, Paris, Ed. de minuit, coll. « Le sens com-mun ».

BOURDIEU Pierre
1962 « Célibat et condition paysanne  », Etudes Rurales, nos 5-6 : 32-135.

BROMBERGER Christian
1987 « Du grand au petit. Variations des échelles et des objets d’analyse dans l’histoire récente de l’ethnologie de la France  », in Chiva et Jeggle 1987 : 67-94.

CHIVA Isac
1985 « Georges-Henri Rivière, un demi-siècle d’ethnologie de la France  », Terrain, no 5, octobre 1985 : 76-83.
1987 « Entre livre et musée. Emergence d’une ethnologie de la France  », in Chiva et Jeggle 1987 : 9-34.
CHIVA Isac et JEGGLE, Utz, éd.
1987 Ethnologies en miroir. La France et les pays de langue allemande, Paris, MSH-MPE coll. « Ethnologie de la France ».

CLIFFORD James
1983 « De l’autorité en ethnographie  », L’Ethnographie, no 90-91, 1983-2, « L’anthropologie : points d’histoire  »  : 87-118.

« Le Croisement des cultures  »
1986 Communications, no 43.

FABRE Daniel
1982 « Présentation  », in Un demi-siècle d’ethnologie occitane, Carcas-sonne, GARAE : 5-24.

FABRE-VASSAS Claudine et FABRE Daniel
1987 « L’ethnologie du symbolique en France. Situation et perspecti-ves  », in Chiva et Jeggle 1987 : 123-138.

FAURE Christian
1989 Le projet culturel de Vichy, Presses universitaires de Lyon et CNRS.

FOUCAULT Michel
1970 L’ordre du discours, Paris, Gallimard.

« Hommage à Georges-Henri RIVIÈRE  »
1986 Ethnologie Française, XVI-2, avril-juin 1986 :123-136.

« Hommage de la Société d’Ethnologie Française : George-Henri RIVIÈRE »
1987 Ethnologie Française, XVII-1, janvier-mars 1987 : 7-100.

IZARD Michel
1965 « La Terminologie de parenté bretonne  », L’Homme, V-3-4 : 88-100.

JAMIN Jean 1988 « L’histoire de l’ethnologie est-elle une histoire comme les autres  », Revue de Synthèse, IV nos 3-4, juillet-décembre 1988 : 469-483.

« La pensée sauvage et le structuralisme  »
1963 Esprit, 31 an., no 322, novembre 1963.

LÉVI-STRAUSS Claude et ERIBON Didier
1988 De près et de loin, Paris, Ed. Odile Jacob.

LEVY ZUMWALT Rosemary
1988 The Enigma of Arnold Van Gennep (1873-1957) Master of French Folklore and Hermit of Bourg-la-Reine. Helsinki, Academia Scien-tiarum Fennica, FFC no 241.

RIVIÈRE Georges-Henri
1989 La muséologie, Paris, Dunod.

«  Sociétés savantes et recherche ethnologique  »
1989 Actes du colloque de la commission Anthropologie et ethnologie française, 113e congrès National des Sociétés Savantes, Strasbourg, avril 1988 (sous presse).

«  Le texte ethnographique »
1985 Etudes Rurales, nos 97-98.

VAN GENNEP Arnold
1937 Manuel de Folklore français contemporain, t. III, Paris, Picard.

VERDIER Yvonne
1966 «  Repas bas-normands », L’Homme, VI-3 : 92-III.

Notes :

[1] Conformément à l’intitulé général de la rencontre qui a suscité ce texte nous centrerons notre exposé sur l’ethnologie de la France tout en l’incluant dans l’anthropo-logie générale - ce qui est une de ses spécificités  ; de plus la frontière entre ces territoires de l’ethnologie s’efface tout à fait dès que la discipline est confrontée avec ses voisines et concurrentes, de même qu’avec sa propre diversification.

[2] Sur cette période de la vie de Van Gennep voir N. Belmont 1974 et aussi Levy Zumwalt 1988. Le débat sur Henri Pourrat est dans Van Gennep 1942.

[3] On lira à ce propos la déclaration liminaire de J. Cuisenier dans Ethnologie Française 1971-1 : 7-10 et ci-après p. 37-39. Sur la brève domination du modèle sémiolo-gique généralisé, voir D. Fabre in Chiva et Jeggle 1987 : 392-394.

[4] Cette tension entre « savoir local » et discipline rencontre les réflexions de G. Lenclud sur la constitution disciplinaire (stage de Royaumont, Mission du Patrimoine ethnologique, mars 1989) qui nous a conduit à relire les pages de M. Foucault.

[5] En France ce sont d’abord des revues qui ont accueilli ces recherches si novatrices, citons surtout Clifford 1983 dans L’Ethnographie, le numéro spécial d’Etudes Rurales 1985, sur « Le texte ethnographique  », et Jamin 1988.

[6] Sur la période fondatrice et la personnalité de Georges-Henri Rivière voir Chiva 1985 et 1987, Faure 1989, et G-H. Rivière 1989 ainsi que les numéros d’Ethnologie Française 1986 et 1987 consacrés à sa mémoire. Un cas de pôle régional est présenté par D. Fabre 1982.

[7] Folklore Aude, Bulletin Folklorique de l’Ile de France, Bulletin du Comité du Folk-lore Champenois (paraît depuis 1930).
3. A. Van Gennep, 1937 : 11-56, a regroupé de façon commode les états successifs du questionnaire ethnographique sur la France depuis celui de l’Académie Celtique. Il faudrait y ajouter ceux des années 36-40 évoqués par Chiva 1987:14.

[8] Sur ce que l’on peut appeler la rupture monographique voir Bromberger 1987 ; Fabre-Vassas et Fabre 1987 :127-128 en particulier.

[9] Quelques travaux sur ces sociétés savantes, leur fondation et leurs transformations sont en cours, citons en particulier le colloque de la commission anthropologie et ethnologie française du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (Strasbourg 1988).

[10] Le beau travail d’A. Angles sur La NRF et celui d’A. Boschetti sur Les Temps Modernes n’abordent pas le sujet en ces termes.

[11] Notons une réponse d’A. Gosselin au réquisitoire d’A. Finkelkraut dans Ethnologie Française, 1988-2 et sur la question du rapport des cultures le riche n° de Communications 1986. Sur l’individualisme et ses racines dans la pensée anthropologique de la diversité des sociétés - chez Louis Dumont en particulier - voir Le Magazine Littéraire, avril 1989, notons au passage que plusieurs numéros de cette revue ont, avec plus ou moins de bonheur, pris complètement ou partiellement l’ethnologie pour thème.