Remparts éboulés, noirs ou lumineux au gré des heures et des saisons, assignant à l’azur la haute ligne de Leurs tours menacées par les forces conjuguées du temps et des hommes. Tel apparaît le visage de la Cité de Carcassonne dans la première moitié du XIXe siècle avant que la volonté acharnée de quelques esprits éclairés groupés autour de Jean Pierre Cros-Mayrevieille n’aboutît à son classement puis à sa restauration confiée à Viollet-le-Duc. De ce passage, véritable émergence du monument, témoignèrent, à quelques années de distance, deux photographes, pionniers de l’art nouveau : le chanoine Léopold Verguet (1817-1914) et Michel Jordy (1863-1945). Que montrent-ils dans ce creuset de mémoire que constituent leurs plaques de verre ? Des ruines que hantent les enfants, des vues d’un vil-lage paisible que les travaux et les transformations vont hiératiser, le figeant en un ensem-ble spectaculaire où les vestiges au ciel traversé de corbeaux deviennent étape obligée des itinéraires de la méridionalité.