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Les savoirs romantiques : une naissance de l’ethnologie

Dans le cadre d’un projet d’exploration du regard sur l’autre élaboré par les sociétés européennes depuis le XVIIIe siècle ont été programmées quatre expositions (L’ethnologie sous les Lumières ; Le regard romantique ; Le moment réaliste ; Ethnologie et surréalisme). La première d’entre elles, Le regard romantique, a été présentée à la Maison des Mémoires en décembre 2000. Elle est actuellement en circulation dans le département de l’Aude et au-delà. La seconde, Ethnologie et surréalisme, sera présentée en 2004.
Il a été prévu d’associer à l’exposition introductive une série de manifestations qui en approfondissent les différents aspects. Ainsi Le regard romantique a-t-il été prolongé par un travail collectif sur un peintre voyageur, Gaston Vuillier, qui a donné lieu à une exposition accompagnée d’un catalogue (Gaston Vuillier. Le trait du voyageur). En outre, le Garae, avec les éditions Atlantica, publie un chef-d’œuvre méconnu de la fiction ethnographique romantique : Les païens innocents d’Hyppolite Babou.
On peut considérer que le vaste mouvement esthétique, littéraire, philosophique et scientifique qu’il est convenu de nommer "romantisme" est à l’origine d’un renouvellement profond des savoirs sur l’homme et d’une reformulation des disciplines qui prennent les "mœurs et coutumes" pour objet.
En outre, s’agissant de ce que nous appelons aujourd’hui "ethnologie" le moment romantique a eu deux actions qu’il serait artificiel de séparer. La première a consisté à se référer à tout ce qui pouvait témoigner d’un passé refoulé, enfoui, oublié qui fonderait ce que l’on nomme alors "civilisation", ce que l’on appellera bientôt "culture". Ces enracinements se situent du côté de la nature, de l’oral, du populaire, de l’archaïsme... Mais, par ailleurs, une véritable opération de savoir se développe qui redéfinit des domaines disciplinaires - "l’archéologie", "l’ethnologie", "la philologie" - et qui invente des termes nouveaux tel "folklore". Cette quête à deux visages n’est pas séparable d’une rupture politique de très vaste portée qui voit l’émergence simultanée de l’état-nation comme référent dominant de l’organisation des sociétés et de la démocratie comme forme nécessaire de gouvernement.
En ce sens le savoir romantique sur les cultures est, à la fois, sommé de produire, à l’usage des pouvoirs, une idée claire du peuple citoyen et chargé de conférer une épaisseur charnelle, une présence émouvante, à la patrie et à la nation.

Nous souhaitons interroger les savoirs romantiques selon ces perspectives qui le situent pleinement dans le mouvement de l’histoire sociale, intellectuelle et politique de l’Europe. Pour cela les meilleurs spécialistes du moment ont été sollicités.
PROGRAMME

Mardi 19 Novembre 2002

10h : Introduction de Daniel Fabre
Le romantisme et les savoirs

14 h : Fanch Postic
Entre vision romantique et constitution d’une science nouvelle : La Bretagne et l’invention de la littérature orale
15 h : Noël Barbe
Charles Nodier et le conte
16 h : Claudie Voisenat
Amélie Bosquet et George Sand
17 h : Jean Marie Privat
L’ethnologie dans la Mare au Diable de George Sand Mercredi 20 Novembre 2002


10 h : Philippe Martel
De Coquebert de Montbret à Johann : permanence des clichés.
11 h : Philippe Gardy
Mistral : le retour au mas

14 h : Jean François Courouau
L’occitan et le catalan dans le Mithridates de Johann Christoph Adelung (1809)
15 h : Xavier Ravier
Eugène Cordier et la culture pyrénéenne occidentale
16 h : Daniel Fabre
Babou, La Madelène, Cladel, romantisme, roman et ethnographie

17 h : Débat de conclusion


Journées d’études à Carcassonne, 19 et 20 novembre 2002