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Christian Jacquelin - 13 décembre 2006 à 18 heures

De la cabane de l’enfance à la « cabane outil » des pêcheurs, des cabanes omniprésentes dans la littérature des Robinsonnades aux « logs cabins » des pionniers figurant dans le cinéma américain, du simple abri de jardin auto bricolé à la construction très élaborée édifiée dans les arbres par un architecte tendance, la cabane constitue un objet anthropologique de premier plan parce qu’elle renvoie en permanence à l’imaginaire et à des univers techniques, sociaux, culturels et symboliques.

En Languedoc Roussillon, les cabanes sont indissociables du chapelet d’étangs qui s’étire tout au long du littoral méditerranéen du Vaccarès à l’Etang de Salses, de la Camargue à la plaine côtière nord catalane. A la fois précaires et essentielles, banales et singulières, ces constructions ordinaires qui condensent savoir faire et mode de vie ont valeur de témoignage ethnologique. Par leur adaptation au milieu (pilotis, matériau de construction), par leur statut foncier (meubles et non immeubles), par leur architecture (autoconstruites et éphémères), par leurs fonctions (pêche, chasse ou loisirs), les cabanes sont des « monuments documents » renvoyant à des usages et à des pratiques, mobilisant un capital affectif et une mémoire partagée, révélateurs d’une culture maritime et lagunaire.

Trois « terrains » emblématiques abondamment illustrés de photographies ont été abordés : les cabanes de Beauduc à l’extrême pointe de la Camargue, les cabanes des étangs languedociens (Etang de l’Or, Etang de Thau) et enfin les « barracas de senills » (cabanes de roseaux) de la côte sableuse et des lagunes du Roussillon.

L’univers des cabaniers languedociens, admirablement décrit par Gaston Baissette dans « L’Etang de l’Or » a aussi ses figures emblématiques. Joseph, ancien charpentier de marine et philosophe des cabanes fut un de ces personnages, devenu marginal à force d’authenticité. Un film documentaire de 24 minutes réalisé en 2004 présentera son quotidien aux Cabanes de Lunel.


Entre terre et mer, au bord des étangs, dans ce monde lagunaire aux frontières mouvantes que l’eau et les saisons modèlent à leur gré, vivent les cabaniers, nomades aux lisères aui ont su mettre en place, souvent au long d’une vie, un univers original. Est-il possible de lire des règles communes dans la diversité de leur parcours ? Sont-ils derniers témoins d’un monde que l’urbanisation condamne et efface ? Qu’on-ils à nous dire ou à nous montrer à propos de ces formes existentielles marginales ? C’est à travers l’évocation de quelques uns de ces destins individuels que serea ainsi évoqué "le monde des cabaniers".


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