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Les archives de la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie (1894-1934)

Si la «  La Société dauphinoise d’Ethnologie et d’Archéologie a pour but l’étude du passé de l’homme dans les départements de l’ancienne province de Dauphiné », la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie, dont elle émane, avait «  pour but l’étude scientifique de l’homme et de son milieu dans les départements de l’ancienne province de Dauphiné ». (Titre premier, article 1er de ses statuts, Bulletins de la SDEA, tome 1er, n° 1, 1er mai 1894, p. 1).

Les raisons de la création de la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie

« L’existence, en France, d’une centralisation déjà ancienne, la facilité et la fréquence croissante des communications entre les divers points du territoire, [qui] ont donné à tous nos départements une teinte uniforme et ont opéré sur un sol primitivement mouvementé une sorte de nivellement moyen, […] funeste aux recherches locales de la littérature, de l’histoire et de la science.
Il ne faut pas, en effet, méconnaître que, sous l’uniforme alluvion d’une civilisation partout égale, sont enfouis et demeurent cachés, dans chacune des anciennes provinces de la France, les souvenirs de races, de coutumes, de légendes et d’institutions disparues, qui avaient toutes leur cachet de terroir, et, au temps où elles florissaient, répondaient au milieu qui les avait vu naître.
Elles sont, en réalité, la source originelle des races et des coutumes actuelles et méritent, à ce titre, [d’] recueillies par l’archéologue ou le sociologiste, soucieux du passé de l’homme, autant que de son présent et de son avenir
.
Nous avons donc pensé qu’il était utile d’entreprendre, dans le Dauphiné, une campagne d’exploration, dans le but d’interroger l’état présent et de fouiller dans le passé de notre pays. A l’exemple de ce qu’ont fait déjà, en France, Paris, Bordeaux, Lyon, et, dans les pays étrangers, moins centralisés que le nôtre, un grand nombre de villes, nous avons songé à fonder, sous le titre de Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie, une société qui prendra pour objectif l’étude scientifique du Dauphinois et du milieu où il vit ».

(Bull. SDEA, tome 1er, n° 1, 1er mai 1894, p. 6).

Ainsi s’exprime le docteur Arthur Bordier (1841-1910), fondateur de la Société, lors de la séance inaugurale du 22 janvier 1894 où il « expose le but de la Société et donne lecture du programme suivant, sorte d’exposé général des travaux de la Société », (Idem, p. 5) :

“Programme général des travaux de la Société” (extraits)
[…]
« Nous ne dissimulerons pas toute l’étendue de notre programme, pour restreint qu’il soit au Dauphiné :
Il est intéressant d’examiner les habitants actuels de notre pays au point de vue de la conformation anatomique : taille, forme du crâne, couleur des cheveux, des yeux, variations dans certains phénomènes physiologiques, etc… Ces recherches morphologiques menées parallèlement aux études des historiens, préciseront l’origine et la nature des éléments ethniques, dont la juxtaposition ou la fusion a formé la population dauphinoise actuelle ; elles permettront de voir quelles traces les invasions successives des Sarrazins, des Burgondes, des Romains ont gravées sur les traits de nos contemporains, qu’elle résistance ont, au contraire, témoigné par la persistance de leur type, les populations autochtones.
Cela fait, nous aurons à rechercher la fréquence des infirmités congénitales ou acquises, celle de certaines maladies, dans chacun des types ainsi dégagés ; à étudier la répartition et la proportion de chacun de ces types dans chaque division géographique de notre ancienne province, leur rapport avec la topographie, l’altitude ou la structure géologique du sol
[…]
Nous serons ainsi conduits aux premières limites de l’histoire, et des fouilles méthodiques
[…] nous renseigneront sur les primitifs habitants de notre sol. Fixés par la géologie sur la date des antiques sépultures ainsi exhumées, nous pourrons mesurer l’évolution du type humain dans notre pays à travers les âges.
[…] nous devrons suivre parallèlement les modifications de son milieu. Les géologues, les zoologistes et les botanistes nous aiderons à l’apprécier en nous renseignant sur la géologie, la faune et la flore locales, depuis les débuts de l’histoire jusqu’à nos jours. En un mot, l’étude de l’homme ne peut être séparée de celle du milieu.
Ce n’est pas tout : les générations qui se sont succédées
[sic] chez nous avaient […] des habitudes ethniques […] nos études se complèteront, par exemple, par la recherche des vieux chants populaires, des divers patois locaux, des légendes, proverbes, vieux contes […].
Tous ces renseignements devront en outre être complétés par l’étude de la répartition géographique des noms de famille ou de baptême, des sobriquets, de leur origine, de leur étymologie
[…] le même travail devra être fait pour les noms de lieu  ».

La Société travaillera également sur les lois, coutumes et usages locaux.
Il s’agira aussi de se livrer à « L’étude la criminalité, comme fréquence et comme nature, dans chacun des types ethniques de notre pays ».
Enfin, l’étude des « registres de l’état civil, dans chaque commune, les registres des paroisses nous donneront des renseignements sur la fréquence des mariages, des naissances, des décès, sur le rapport de ces chiffres avec la nature du milieu, avec la richesse ou la pauvreté, avec le prix de la main-d’œuvre, etc… les recensements nous renseigneront sur l’émigration ou l’immigration ».
(“Programme général des travaux de la Société”. Bull. de la SDEA, t. 1er, n° 1, 1er mai 1894, pp. 6-9).

Dans ce même texte, un appel est lancé « à tous les chercheurs, même aux plus modestes : savants, médecins, ingénieurs, historiens, littérateurs, artistes, instituteurs, collectionneurs, bibliophiles, simples amateurs, et leur demande d’apporter un fait, un document, si minimes soient-ils, qui réunis à d’autres faits, à d’autres documents, finiront par constituer sur une base solide notre histoire locale encore à faire et dont le temps détruit chaque jour un certain nombre d’éléments ».
(Bull. de la SDEA, idem, p. 7)


LES ARCHIVES DE LA SOCIETE DAUPHINOISE D’ETHNOLOGIE ET D’ANTHROPOLOGIE (Archives départementales de l’Isère, Grenoble)

Histoire du fonds
La Société dauphinoise d’ethnologie et d’archéologie a décidé en 1977 de déposer ses archives aux Archives départementales de l’Isère, à Grenoble. Et c’est l’ethnologue, conservateur au Musée dauphinois, Charles Joisten (1936-1981), alors archiviste bibliothécaire de la SDEA, qui s’est chargé de leur transfert.

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Inventaire des Archives de la SDEA









Fiches en relation :

- Arthur Bordier (1841-1910)

- Hippolyte Müller (1865-1933)



Auteur
Florence Galli-Dupis
Ingénieur CNRS
IIAC, équipe LAHIC (UMR 8177 CNRS-EHESS)
2010


Fondée en 1894, la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie « a pour but l’étude scientifique de l’homme et de son milieu dans les départements de l’ancienne province de Dauphiné ».
Elle est devenue la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Archéologie en 1936.

Autres documents :


Les statuts de la Société (1894)

Liste des membres fondateurs