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Les étangs de la plaine languedocienne et leur aménagement

Histoire d’un paysage oublié.
Les étangs de la plaine languedocienne et leur aménagement

De nos jours, le littoral languedocien se présente comme un milieu amphibie, mi-terre, mi-eau, où la présence des lagunes et des étangs marque fortement le paysage. Dans le passé, ce milieu original est encore plus étendu et plus visible qu’aujourd’hui : les cuvettes des étangs parsèment toute la plaine. Loin d’être un repoussoir, les étendues d’eau stagnantes apportent alors des ressources dont témoignent les droits et les accords sur la chasse, la pêche et le sel. Mais la croissance du peuplement à l’époque médiévale favorise l’extension des cultures au détriment des étangs. Dans la région de Narbonne et de Béziers, les entreprises de drainage et d’assèchement se multiplient, comme pour l’emblématique étang de Montady. Ces opérations caractérisent la période du XIIe au XIVe siècle. Souvent complexes, elles éclairent un monde médiéval que l’on considère encore trop comme obscur. Complexité du projet, puisqu’il ne s’agit pas forcément de faire disparaître définitivement les espaces en eau. Une alternance de périodes de mise en culture et de retour à l’eau semble être envisagée. Elle traduit un souci de protection des ressources, mais aussi les intérêts contradictoires de la société, entre producteurs, consommateurs et investisseurs. Par ailleurs, l’association de plusieurs partenaires pour mener à bien ces ouvrages paraît, sinon la règle, tout du moins très fréquente. L’importance des investissements pour la réalisation de certains travaux (canalisation, creusement de tunnel) et la connaissance d’un savoir-faire en matière de drainage demandent l’intervention de partenaires spécifiques, ayant capitaux et compétence. En effet, il ne s’agit pas seulement d’évacuer l’eau, mais aussi de faire en sorte qu’elle ne revienne pas de manière intempestive. Les moines cisterciens de Fontfroide paraissent avoir été des acteurs importants de ce processus qui réunit toute la société rurale, seigneurs et villageois, et implique aussi les notables de Narbonne et de Béziers.










Jean-Loup Abbé est professeur d’histoire médiévale. Ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud, il a enseigné successivement à l’Université Paul Valéry de Montpellier et à l’Université de Toulouse-Le Mirail depuis 2005. Il est directeur-adjoint du laboratoire CNRS d’histoire et d’archéologie Framespa (France méridionale – Espagne) et responsable de l’équipe de recherche Terrae. Ses travaux l’ont amené à s’intéresser successivement à l’histoire de la ville, puis des villages, et enfin aux relations entre les sociétés du passé et leur environnement. C’est une recherche qui mêle l’histoire à la géographie, à l’archéologie, à l’écologie, avec pour objectif de comprendre aussi comment la société a progressivement façonné l’espace et les paysages ruraux dans lesquels nous vivons, mais aussi comment elle a été influencée par eux. Jean-Loup Abbé a coordonné entre 2004 et 2010 un programme de recherche sur l’étang de Montady.









Conférence de Jean-Loup Abbé
Jeudi 2 février 2012, à 18 heures
Auditorium, rue des Etudes à Carcassonne.


De Pézenas à Sigean et Marseillette, en passant par Montady, Ouveillan ou Fleury, c’est toute l’histoire du paysage languedocien du dernier millénaire que racontent les étangs d’aujourd’hui et d’hier.