Mémoires d’Oradour

Le 10 juin 1944, la division Das Reich dans son mouvement de repli, traverse le village d’Oradour-sur-Glane et massacre toute la population dans des conditions particulièrement atroces. En avril 1945, le parlement vote une loi spéciale qui stipule que les ruines du village martyr doivent être conservées « pour l’éternité », afin de témoigner de la barbarie nazie. Un village neuf est construit non loin des ruines et quelques survivants font fonction de guides, expliquant le drame aux visiteurs. De plus, à la volonté de mémoire s’opposa bientôt le mot d’ordre de la réconciliation nationale et de l’oubli, ce qui crée une grave distance entre les survivants d’Oradour et l’Etat. Le temps passant la ruine changea d’apparence et les témoins directs disparurent un à un. Peu à peu la mémoire du massacre sans s’effacer se transforma. Oradour-sur-Glane devint une occasion de villégiature dans un village limousin que le temps avait figé. En 1981, il fut donc décidé de restituer l’événement dans son contexte, d’en proposer une interprétation avant même la visite du lieu mais ce retour à l’histoire s’appuie sur un « Centre de la Mémoire »… La conférence de Daniel Fabre, président du Garae et Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, propose une réflexion sur ces aléas de la mémoire. Elle sera accompagnée de la projection du film de Patrick Séraudie, Une vie avec Oradour.





Une vie avec Oradour, Film réalisé par Patrick Séraudie, 2011

Le 10 juin 1944, la troisième compagnie du bataillon 1 du régiment Der Fürher de la division blindée SS Das Reich, encercle le bourg d’Oradour-sur-Glane, réunit tous les habitants sur la place, enferme les hommes dans des lieux clos, les femmes et les enfants dans l’église et procède au massacre de toute la population, soit 642 victimes.

Une femme, Marguerite Rouffanche, réussit à s’évader de l’église. Cinq hommes échappent à la fusillade et aux flammes dans la grange « Laudy ». Robert Hébras et Jean-Marcel Darthout sont aujourd’hui les derniers survivants du massacre dans cette grange.

Ce jour-là, Jean-Marcel perd sa mère et son épouse ; Robert, sa mère et deux de ses sœurs. « Quand je traverse le bourg d’Oradour, je vois le village d’avant. Je me remémore mes souvenirs d’enfance, j’entends les sons, je revois les visages… » Ce 10 Juin 1944, Robert Hébras échappe à la mort.

Aujourd’hui, sur les lieux du drame, il témoigne de cette journée tragique puis évoque sa vie reconstruite autour du souvenir, près des ruines du village martyr. De manière inédite, nous revivons minute par minute l’itinéraire d’un massacre programmé grâce au témoignage, dans les murs délabrés d’Oradour, de Robert Hébras et à la parole filmée de Jean-Marcel Darthout, tous deux dépositaires exceptionnels de la mémoire du plus important massacre de civils en France sous occupation allemande. Une vie après Oradour ne peut plus être la même, elle devient une vie avec. Elle est déterminée par le désir de témoigner inlassablement pour que l’histoire ne se répète plus. Elle porte l’empreinte du souvenir des morts et du désir de vivre, une empreinte qui transcende une vie.


Conférence de Daniel Fabre
Jeudi 17 janvier 2013 à 18 h.
Salle de conférences,
Archives Départementales de l’Aude,
Carcassonne

Projection du film de Patrick Séraudie Une vie avec Oradour