Chantiers, « cahiers mensuels imprimés à Carcassonne et en vente partout » est né dans la chambre de Joè Bousquet, le poète blessé, mais non de sa volonté seule. Dés 1920-1922 n’est-il pas entouré de l’amitié fervente de François-Paul Alibert - le grand poète d’expression classique - et de Claude Estéve - le philosophe esthéticien qui enseigne au lycée ? Bientôt les plus brillants élèves de ce professeur hors du commun trouveront le chemin de la chambre ; René Nelli, Ferdinand Alquié, Henri Féraud, Maurice Nogué se glissent dans l’incessant « colloque poétique » et au bout de quelques années l’idée d’une revue, qui en transcrirait les moments et instaurerait de plus lointains échanges, prend corps. Comme, depuis 1924, la chambre de Joè Bousquet est éclairée des toiles de Max Ernst, Paul Klee, Malkine ..., comme La Révolution Surréaliste arrive de Paris tel l’almanach des temps nouveaux, comme Paul Eluard confirme peu à peu son attachement au « groupe de Carcassonne », Chantiers vient au monde avec l’an 1928, sous l’étoile surréaliste. Mais très vite d’autres attractions s’imposent, venues de revues soeurs
Les Cahiers de l’Etoile de Carlo Suarés, Le Grand Jeu de René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte et, surtout, les Cahiers du Sud de Jean Ballard et André Gaillard. Né « sous les éclats de rire » d’une province étonnée, Chantiers au terme de ses trois années d’exis-tence a conduit ses rédacteurs au coeur battant de la modernité.
Restent les textes « d’une jeunesse étonnante » et la belle énigme de cette apparition en un point où -surprise ! - convergent bien des plans - local et parisien, surréaliste et « classique », surréaliste et dis-sident - qui, à cette époque, orientent diversement l’entrée en littérature. Daniel Fabre, dans sa présentation, esquisse les moments, les raisons et les suites de ce fertile avènement.
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