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JOURNÉES D’ÉTUDES : Marcelle Delpastre, une femme-monde

Toute sa vie, Marcelle Delpastre (1925-1998) l’a passée dans sa ferme de Germont, dans la commune de Chamberet, en Corrèze, à exploiter une petite propriété familiale, d’abord avec ses parents puis, après leur disparition, toute seule. Paysanne du Limousin, Marcelle Delpastre est aussi, en parallèle, l’auteure d’une œuvre foisonnante, écrite en français et en occitan limousin, où se côtoient la poésie de langue française ou occitane, des nouvelles, des poèmes dramatiques, ainsi qu’une vaste entreprise ethnographique comprenant des collectages de contes, leur analyse, des études sur les pratiques culturelles du Limousin et leur interprétation ethnologique, le tout complété par une autobiographie répartie en sept tomes de 500 pages chacun, rédigée alors qu’elle était talonnée par une maladie fatale, sans parler de chroniques dans des journaux et d’une correspondance volumineuse. Par les genres pratiqués, par les sujets abordés, par l’une de ses langues d’écriture, cette œuvre se veut profondément attachée à un lieu géographique unique, la ferme de Germont, en Limousin. Une liaison si étroite avec le local a rapidement et durablement conduit à ne voir en elle qu’une « pastourelle limousine », une écrivaine pour grands-mères nostalgiques, une « paysanne-au-cul-des-vaches » qui écrit, et dont les livres sont à ranger dans le rayon typiquement français du « régionalisme ». Toutes ces « assignations localistes » empêchent un large public de percevoir la dimension universelle d’une écriture qui dépasse le factuel et le terroir pour les inclure dans la vision globale d’un monde en mutation. L’œuvre de Delpastre conte – poétiquement et scientifiquement – la fin de la civilisation agro-pastorale multimillénaire en même temps qu’elle propose une méditation sur la condition de l’homme confronté à la perte du lien natif avec son environnement naturel et culturel. En donnant à lire, à partir de sa propre expérience et de sa mémoire personnelle et selon une approche à la fois marquée par la subjectivité poétique et la neutralité ethnographique, la « discrète apocalypse » d’une civilisation finissante, Marcelle Delpastre apparaît comme un de ces individus-mondes, tels que l’anthropologue Daniel Fabre les a définis, qui portent en eux une façon unique, léguée par les générations antérieures et portée par la langue, d’appréhender le réel, un univers menacé de disparition dont ils se perçoivent (ou sont perçus) comme les derniers représentants. De nos jours, les manuscrits de Marcelle Delpastre sont conservés à la bibliothèque de Limoges. Son œuvre est publiée par l’éditeur limousin Jan Dau Melhau (éditions Lo Chamin de Sent Jaume) qui fut un ami proche et est son légataire universel. Quelques études, depuis le début du XXIe siècle, ont été réalisées, mais, cinquante ans après la publication du recueil Saumes pagans (1974) qui révéla son génie poétique, il reste fort à faire pour mieux connaître l’œuvre de cette femme dont on fêtera en 2025 le centième anniversaire de sa naissance et qui fut confrontée toute sa vie durant à des mondes d’hommes (les poètes « occitans », les ethnographes…), à la fois écrivaine du local, de l’universel et du cosmique, l’un des plus grands souffles de la littérature qui, en notre temps si troublé, ne peut que trouver une résonnance pleine d’actualité.

Programme des journées d’étude
23-24-25 octobre 2024
Toulouse, Université Toulouse-Jean Jaurès
Carcassonne, Ethnopôle GARAE

Mercredi 23 octobre 2024

1) Toulouse, Université Toulouse Jean-Jaurès, Maison De la Recherche

09.00 Accueil des participants

09.15 Ouverture – Jean-Pierre Cavaillé, maître de conférences EHESS, LISST-Cas, Toulouse Jean-François Courouau, professeur de littérature occitane, PLH, Université Toulouse Jean-Jaurès

09.30 Contes populaires du Limousin. Le corpus de contes et récits rassemblé et publié par Marcelle Delpastre dans les années 1970 : présentation et description - Bénédicte Bonnemason, chargée de ressources documentaires - chargée du chantier du Catalogue du conte populaire du domaine français EHESS – LISST

10.00 Marcelle Delpastre, premières études ethnographiques et psaumes - Joëlle Ginestet, maître de conférences honoraire, membre associée PLH, Université Toulouse Jean-Jaurès Toulouse.

10.30 Discussion

11.00 La construction identitaire de Marcelle Delpastre par la mémoire des ethno-textes - Thierry Charnay, enseignant-chercheur, ULR 1061 Alithila, Université de Lille

11.30 Place du bilinguisme dans le processus créatif poétique de Marcelle Delpastre - Nadine Bourgès, doctorante en études occitanes, Université Paul Valéry, Montpellier.

12.00 Discussion

14.00 L’écopoétique de la ferme de Germont - Jean-Christophe Goddard, directeur de l’EA 3051 – ERRAPHIS, Université Toulouse Jean-Jaurès.

14.30 Le chant végétal. Travailler Marcelle Delpastre en milieu psychiatrique - Juliette Kempf, metteuse en scène, compagnie Le Désert en Ville

15.00 Discussion

15.15 Fin de la partie toulousaine

2) Carcassonne, Ethnopôle GARAE – Maison des Mémoires - 53 Rue de Verdun

19.00 Focale sur l’exposition photographique Marcelle Delpastre à fleur d’âme, photographies de Charles Camberoque.

20.45 Spectacle : Nathanël sous le figuier

Récital à deux voix avec Thérèse Canet à l’interprétation du texte et Marie-Laure Fraysse à l’accordéon. Avec ce long poème incantatoire, Marcelle Delpastre, poète (1925-1998), nous invite au chant profond. A sa manière universelle et si particulière, elle chante à s’enivrer de son propre chant, elle chante pour tout son être et pour tous les vivants, à la face offensée du néant, à la face insensée des astres et des signes. Elle chante pour les pierres et le vent, pour l’arbre échevelé d’étoiles, et pour la pluie, pour la source des fruits ; elle chante malgré la détresse et l’insoutenable sottise. L’insoutenable sottise, celle qui fait rouler le monde vers son anéantissement. Hiroshima, Nagasaki n’étant que… des tentatives… d’accomplissement apocalyptique du XXe siècle ! Qu’adviendra-t-il encore, Nathanaël, peux-tu dormir sous le figuier ? Qu’espères-tu de la poussière lorsque mille soleils dansent sous la feuillée ?

Jeudi 24 octobre 2024

Carcassonne, Ethnopôle GARAE - Maison des mémoires – 53 rue de Verdun

09.00 Du féminin dans l’écriture delpastrienne – Miquèla Stenta, professeur et formatrice en occitan, retraitée.

09.30 Genre du « je » et jeux de genre dans l’écriture de Marcelle Delpastre – Marjolaine Raguin, maître de conférence, Université Toulouse Jean-Jaurès.

10.00 Les représentations de la femme et sa position dans la société traditionnelle – Bochra Charnay, enseignante-chercheur, ULR 1061 Alithila, Université de Lille.

10.30 Discussion

11. 00 Lire et dé-lire Delpastre ? Marguerite dans le miroir - Philippe Gardy, directeur de recherche émérite au CNRS.

11.30 Essai de bibliographie (primaire et secondaire) de l’œuvre écrite de Marcelle Delpastre (1925-1998) - François Pic, bibliothécaire et bibliographe de l’Écrit occitan.

12.00 Discussion

14.00 Le motif de la mer dans les Psaumes pagans (1974) de Marcelle Delpastre - Cécile Noilhan, maître de conférence, rattachée PLH-ELH, Université Toulouse Jean-

14.30 Marcelle Delpastre, l’arbre du poème - Sylvan Chabaud, maître de conférence littérature moderne et contemporaine occitane, ReSO, Université Paul Valéry Montpellier.

15.00 Desciso/a poétique : poème long et appropriation des formes chez Marcelle Delpastre et Max-Philippe Delavouët - Jean-Yves Casanova, professeur honoraire des universités, Université de Pau et des Pays de l’Adour.

15.30 Discussion

16.00 Marcela Delpastre, de quelques particularités du Bestiari lemosin - Marie- Jeanne Verny, professeure émérite langue et littérature occitane, ReSo, Université Paul-Valéry Montpellier.

16.30 Marcelle Delpastre poète : animisme des voix, avènement du verbe - Christian Bonnet, maître de conférence, IRHRIM, Université de Clermont-Ferrand.

17.00 Discussion

18. 00 Odéum - 65 Rue Antoine Marty à Carcassonne

Projection du film « Du côté de Germont » de Renaud Fély (52 mn)

Marcelle Delpastre a toujours vécu à Germont en Corrèze. Une vie sédentaire, hors de toute convention et vouée au travail de la terre et à la poésie. Du côté de Germont, est un dialogue intime avec la femme disparue et son œuvre bien réelle, puissante.

Vendredi 25 octobre 2024

Carcassonne, Ethnopôle GARAE - Maison des mémoires – 53 rue de Verdun

08.30 Le sens de la terre chez Marcelle Delpastre, poète-paysanne – Jeanne Delobeau, doctorante LIS, école doctorale Humanités nouvelles - Fernand Braudel, Nancy.

09.00 Marcelle Delpastre et la désignation écrivain-paysan, les effets d’une catégorie - Jacques Chauvin, ethnologue, chargé de conservation du patrimoine de l’Association des Écrivains et Artistes Paysans.

09.30 La poésie de Marcelle Delpastre comme processus de traduction - Costanza Amato, chercheuse indépendante.

10.00 Discussion

10.30 "Lai era pas estachada... je n’y étais pas liée par des liens extérieurs ni artificiels, des rêves ni quelque idéologie". Lien et liberté dans l’autobiographie de Marcelle Delpastre - Jean-Pierre Cavaillé, maître de conférences EHESS, LISST-Cas, Toulouse.

11.00 Discussion

11.15 Discussion et conclusion

14.00 Témoignage - Jan Dau Melhau, écrivain, musicien, chanteur, conteur. 15.00 Lecture de textes de Marcelle Delpastre par Jan Dau Melhau, écrivain, musicien, chanteur, conteur.


Journées d’études soutenues par la DRAC Occitanie

Pour en savoir plus :


23 octobre 2024, Université Toulouse Jean-Jaurès, Maison de la recherche
Réservation conseillée au 04 68 71 29 69

24 et 25 octobre 202, Ethnopôle Garae à Carcassonne