Historique
A la fin de l’année 1937, le colonel Fernand Cros-Mayrevieille fonde à Carcassonne le "Groupe d’études régionalistes et de folklore audois" en lien avec Georges-Henri Rivière, le directeur du tout récent Musée National des Arts et Traditions Populaires qui souhaite construire un réseau de partenaires locaux et de musées "de terroir".
La société est composée d’érudits et de chercheurs indépendants dont un certain nombre d’enseignants proches de Joë Bousquet : René Nelli, Urbain Gibert, Pierre Sire. En mars 1938, paraît le premier numéro de la revue Folklore-Aude.
L’une des premières tâches que se propose le Groupe est ethnolinguistique. Sous l’impulsion de Nelli, ce projet s’oriente vers une étude des "façons de dire". Avant sa mort en 1939, Fernand Cros-Mayrevieille prépare les fiches d’un Dictionnaire des plantes, des bêtes et des pierres, à la fois lexical et ethnographique, resté inédit.
Très tôt un programme de collecte de la tradition orale du conte est mis en chantier, insistant sur les exigences de fidélité à la parole du chanteur. Les collectes sont nombreuses, les textes sont lus par le groupe. On en débat dans la "maison aux cent fenêtres", dans la chambre de Bousquet qui s’intéresse surtout aux figures mythiques que ces récits mettent en scène. Il possède les quarante-sept voolumes des littératures populaires de toutes les nations publiées par Maisonneuve à la fin du 19e sicèle. Et il travaille à des récits brefs où sa mythologie personnelle, sa conception du destin, sa définition de la "poésie des faits", lui font trouver une forme narrative de plus en plus dépouillée, apparemment très littéraire, en fait, à la manière des contes de tradition orale dont il se nourrit. Plus tard, René Nelli rendra bien compte de cette passion en éditant les cahiers de contes de Bousquet.
Le Garae a repris le flambeau en 1982. Créé sous forme associative peu de temps avant la mort de René Nelli, une de ses premières manifestations fut de consacrer une exposition à la revue Folklore. Des rééditions, comme celles des dix premiers numéros de 1938 de Folklore, des neufs numéros de la revue Chantiers, incessant "colloque poétique" et surréaliste de 1928 à 1930, des textes de la génération de 1930 qui présida aux publications du Cahiers du Sud, ont ancré le Garae dans la mouvance surréaliste particulière du "Groupe de Carcassonne" cher à Paul Eluard.
Mais ses enquêtes le situent aussi au coeur des interrogations propres aux revendications identitaires et au rôle ques les savoirs historiques et ethnographiques, déployés dans leur historicité, jouent dans les nouveaux enjeux des politiques territoriales et dans notre sensibilité contemporaine au passé. Installé depuis 1994 dans la "maison aux cent fenêtres", acquise et restaurée par le conseil général et devenue la Maison des Mémoires, labellisé Ethnopôle par le ministère de la Culture en 1996, le Garae déploie aujourd’hui ses activités autour de deux thèmes : l’Ethnologie du patrimoine et le Patrimoine de l’ethnologie : Sources et genèses de l’ethnologie de la France.