Les maladies des origines


Momie précolombienne

Les maladies de l’origine de l’Humanité et leur corollaire, l’émergence des premières médecines, faisaient l’objet jusqu’à ces dernières années d’une approche purement médicale certes novatrice mais forcément réductrice. La préhistoire, l’ethnologie, l’éthologie moderne – notamment celle dévolue aux singes anthropoïdes – ont heureusement amélioré cette vision en lui conférant une dimension évolutive. A l’heure actuelle, les maux de nos ancêtres de la préhistoire et leur état de santé collectif ne doivent plus être perçus dans leur fixité et leur exceptionnalité mais plutôt comme un intermédiaire entre la pathologie de type darwinien de nos ancêtres primates et nos maladies modernes, de plus en plus complexes. Une science nouvelle, la paléopathologie, à savoir l’étude dynamique des maladies anciennes, entérine cet état de fait.


Pointe de flèche dans une vertèbre humaine du Néolithique

En ce sens, la période néolithique – qui constitue le point central de nos travaux – avec l’établissement d’une agriculture planifiée, peut-être considérée comme la plus importante dans l’histoire des maladies humaines. Toutes nos affections modernes : cancers, épidémies, arthrose, maladies cardio-vasculaires, anomalies génétiques trouvent peu ou prou leurs racines dans cette révolution socio-économique, apparue il y a plus de 10000 ans. C’est donc vers une vision évolutive de nos maladies et de notre santé, bâtie sur le socle de l’étude des affections des premiers agriculteurs que le conférencier nous entraîne. Nous verrons ainsi que nos premières médecines préhistoriques, parfois d’une stupéfiante efficacité, sont étroitement calquées sur cette fulgurante évolutivité.



Docteur Jean Zammit Le docteur Jean ZAMMIT, médecin radiologue à Carcassonne depuis plus de 30 ans, a entrepris un cheminement intellectuel personnel à la suite de la rencontre avec le professeur Jean Guilaine, qui reste son mentor, puis celle de Daniel Fabre qui lui ouvrit les portes des sciences humaines. Sous leur houlette, dès 1974, il entreprit un cursus auprès de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales qui le mena à une thèse de doctorat consacrée à l’étude des squelettes du cimetière de Mairac, à Capendu, Aude.

Entre temps il poursuivit des études d’anthropologie et de paléopathologie au sein d’équipes universitaires toulousaines, bordelaises et parisiennes. A l’heure actuelle, au delà de son activité médicale, il est chercheur-associé auprès de l’UMR 5608 et conférencier à l’Université de Toulouse-Mirail dans le département de sociologie de l’alimentation. Au delà de la production de nombreux articles dévolus à l’anthropologie et l’étude des maladies anciennes, il participe à la rédaction de plusieurs ouvrages collectifs sur l’anthropologie, la préhistoire et la paléopathologie. Sous la direction du professeur Jean Guilaine, il a publié avec lui aux éditons du Seuil Le sentier de la guerre, paru en 2001. A l’heure actuelle, il consacre ses efforts à l’étude des relations existant entre cancers, stress social et alimentation sur la base des ses travaux relatifs à l’évolution de la pathologie humaine ancienne et moderne.


Conférence de Jean Zammit Vendredi 24 avril 2009 à 21 h, Salle de lecture de l’Ethnopôle Garae