Jours de colère

Le film

En Languedoc-Roussillon, la viticulture est la première activité économique de la région avant le tourisme. Cette culture régionale est liée aux coopératives viticoles, une certaine idée du vin et de la terre, et à une histoire de révoltes successives qui ont donné ses titres de gloire au "Midi rouge"... Premier vignoble mondial en superficie et en production, le vignoble languedocien subit depuis quelques années les effets de la mondialisation dont le dernier trait est la recommandation de la commission européenne de diminuer la production d’hectolitres, ce qui, pour cette région dédiée à la culture du vin de table, est considéré comme une crise majeure à venir. La crise sans précédent de l’année 2006 se résume ainsi par une forte accumulation de stocks, une diminution des prix sur un marché international où la concurrence est croissante et une baisse de la consommation... Face à toutes ces difficultés, les viticulteurs tentent de trouver des solutions pour survivre. Certains sont tentés d’accepter les primes d’arrachage des vignes offertes par Bruxelles, d’autres envisagent de descendre dans la rue. En avril 2007, leur colère s’est exprimée par des dégradations matérielles. Pour tous ces hommes, le choix n’est pas facile car plus que le vin lui-même, ils défendent la culture, la ruralité, le rapport à la terre, celle de leurs ancêtres, dont ils pensent qu’ils ne sont pas compris à Paris ou à Bruxelles. Une version plus courte de ce documentaire, Le vin de la colère, qui a été diffusée sur France 5 en 2008, a reçu le prix des élus du vin au festival Oenovideo, ainsi qu’une mention spéciale solidarité attribuée par le jury.

Les auteurs

Formé à l’Ecole Supérieure d’Audio Visuel (Université de Toulouse le Mirail), Emmanuel Laborie est un jeune auteur-réalisateur, fort d’une filmographie déjà impressionnante : Pierre des faux papiers (1993), Madame la principale (1996), La Folle et Glorieuse Histoire du petit casino de Saint Céré (1998), Un pas dans la nuit ou la désobéissance (1999), Sport en jeu (1999), Lucie Aubrac, en plein cœur (2000), Pères (2001), Syndic, priez pour nous (2003), Un immeuble, des histoires (2003), Mécaniques et Vieilles Dentelles (2006), Arabette, le mécano génétique (2008). Diffusés sur les chaînes publiques (France 2, 3 et 5, Arte) et privées (Canal +), ses films dénotent d’une remarquable empathie, entraînant le spectateur au plus près des situations que sa caméra saisit. Plutôt porté à s’intéresser au milieu du travail et des conflits sociaux, Emmanuel Laborie écrit et réalise des films « à hauteur d’hommes », s’attachant moins à analyser les crises, leurs déterminations et leurs mécanismes qu’à rendre compte de la manière dont les individus, à leur échelle, les ressentent, les vivent, les subissent ou les dépassent.

Boris Pétric est chargé de recherches au CNRS (IIAC, Equipe LAIOS – Paris). Ses recherches concernent les transformations du pouvoir dans l’Eurasie post-socialiste. Son ouvrage Pouvoir, don, réseaux en Ouzbékistan post-soviétique, couronné par le prix Le Monde de la recherche universitaire, met en lumière le fonctionnement du pouvoir dans cette société et propose de comprendre la relation qui existe entre les pratiques spécifiques du don et le pouvoir. Ce jeune chercheur développe actuellement une nouvelle perspective de réflexion à partir d’une recherche de terrain sur la transformation des pouvoirs locaux au Kirghizstan. Boris Pétric réfléchit par ailleurs dans le cadre de l’Observatoire de l’élargissement européen sur le rapport à l’espace à partir d’une étude sur les transformations socio-politiques de la viticulture méridionale. Il s’intéresse plus spécifiquement à l’installation de néo-vignerons et aux transformations des syndicats viticoles liés au monde de la coopération en Languedoc-Roussillon. Il mène actuellement une étude sur l’art oratoire des responsables viticoles du Midi.