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Le vin à l’épreuve de l’art ou nouvelle esthétique du pays de la vigne

Depuis une vingtaine d’année, l’image jusqu’alors plutôt négative du Midi viticole producteur de « gros rouge », a complètement changé. A cheval sur l’Aude et les Pyrénées Orientales, les Corbières sont aujourd’hui un lieu d’appellations prestigieuses. Et l’on est passé de l’image du paysan vigneron, soucieux du seul rendement quantitatif à celle du vigneron récoltant, véritable créateur de crus qui, autant que la vérité des terroirs, reflètent les diverses sensibilités de leurs auteurs. Dans le même temps, la région a développé un tourisme culturel axé sur la beauté des sites naturels et historiques, paysages sauvages et « châteaux cathares », chapelles romanes et églises baroques. Cette double reconversion économique s’accompagne, au sein même de la société viticole, d’un ensemble de pratiques qui, établissent des relations très étroites entre vin et art, et témoignent de l’émergence d’une nouvelle esthétique du monde de la vigne et du vin. Pour le moment, trois voies s’offrent à nos investigations. La première est celle des rapports directs entre création vinicole et création artistique, et s’articule autour de deux phénomènes : le nouveau rôle de galerie d’art endossé par les caves coopératives qui organisent, dans leurs locaux et à leurs frais des expositions, et le fait, qu’aujourd’hui, de plus en plus de vignerons sont aussi, peintres, écrivains ou musiciens. La seconde, fondée sur la récente floraison de fêtes où le vin et la société viticole se donnent à voir comme en spectacles, est celle de la naissance d’une esthétique de la célébration éphémère. La troisième voie que nous aimerions explorer, à travers notamment l’évolution des motifs des étiquettes et l’intégration des caves dans les circuits de découverte du pays, est celle de la relation entre promotion touristique, commercialisation des crus locaux et patrimoine historique et culturel.


Recherche menée par Christiane Amiel et Raoul Normand. - 2000 / 2002.