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Les mécaniciens de l’inutile. Ethnologie d’une conversion esthétique

Restaurer et collectionner les vieilles mécaniques - voitures, mais aussi tracteurs, charrues, moteurs industriels, locomotives, etc. - telle est la « passion » de ces « mécaniciens de l’inutile » qui transforment un objet de travail en objet esthétique. Processus de requalification, de conversion que l’on se propose d’analyser.
Un premier travail de terrain permet d’avancer l’hypothèse suivante : ce n’est pas tant la machine, la technique en elle-même qui est « esthétique » mais ce sont les discours, les pratiques et la sociabilité qui l’accompagnent qui la requalifient et l’ « esthétisent ». Ce qui est « beau » est la cristallisation dans un objet d’une expérience, personnelle et collective, de production du sens.
Ainsi, le discours sur la collection fournit, avant tout, la charpente du récit de soi, l’histoire particulière au cœur de laquelle s’insèrent également des référents à l’histoire locale, à la mémoire collective, à l’identité professionnelle, etc. Les collectionneurs se veulent d’ailleurs des « gardiens du patrimoine », d’un patrimoine dont eux seuls sauraient apprécier la beauté. Enfin, si « collectionneur » n’a guère de féminin, la sociabilité - associations, rallyes, bourses d’échanges - permet aux femmes de s’insérer dans cet univers, de développer leur discours sur ces « belles mécaniques qui tournent comme des horloges ».


Recherche menée par Véronique Moulinié. - 2000/2002.