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Maisons d’écrivains, musées littéraires et lieux d’écriture en Europe : Genèse et signification d’une passion

Cette approche anthropologique de l’engouement actuel pour les « Maisons d’écrivains » permet d’articuler plusieurs interrogations : La première porte sur la genèse de ce type de dévotion. Nous proposons une première typologie qui distingue les lieux conçus par l’écrivain comme cadre et stimulation de son écriture, les lieux qualifiés par la littérature (fiction, poésie et autobiographie) et les lieux voués au culte national, régional ou local de l’écrivain comme « grand homme ». La seconde considère la différence des manifestations, collectives ou personnelles, officielles ou privées, qui traduisent ce culte des écrivains. Il semble que ce culte soit lié à la relativement récente sacralisation laïque de l’écrivain comme maître de vie et de vérité. L’énigme de l’invention littéraire, la lecture comme expérience transfiguratrice, le patriotisme sous toutes ses formes s’y combinent, à doses très variables, selon les pays et les moments de l’histoire. La troisième porte sur la production du lieu d’écriture comme patrimoine selon une logique véritablement performative. Comment se sont, hier et aujourd’hui, prises les décisions de monumentaliser un espace au nom de la littérature, en négligeant, très souvent, les notions de représentativité et d’authenticité de cet espace ? La double dimension, sensible et fictionnelle, du patrimoine est ici quasiment touché du doigt. La méthode de travail proposée est celle d’une ethnographie des lieux, des activités et des rites qui les animent. Le tout situé dans un triple éclairage : celui d’une histoire fine de la promotion du lieu, celui d’une réflexion anthropologique sur la diversité des usages sociaux de la littérature, celui d’une comparaison européenne, seule susceptible de faire varier les contextes et donc d’éclairer ces différents phénomènes.


Recherche menée par Daniel Fabre et Anna Iuso. - 1999 / 2000.