Le titre de ce cahier d’Hésiode, emprunté à René Crevel, est sans doute un peu provocateur, il est en effet admis que toute mort est rupture, déchirement, toute disparition est donc pour le moins difficile. Mais c’est autrement, sur un mode plus intensif, qu’il faut ici entendre ce terme. Toutes les sociétés ont classé à part les morts exceptionnelles, il n’y a, du point de vue des croyances et des systèmes d’interprétation qui se déploient autour de la mort, aucune espèce d’égalité devant la fin ultime. Les soldats - ici évoqués par Apollinaire -‘ les corps perdus en montagne ou en mer, les âmes qui font leur purgatoire sur terre, les maudits que l’on doit exécuter selon des rites qui protègent les vivants de leur dangereux retour, enfin ceux que l’imprécation, la plainte, le chant accompagnent et guident sur le chemin, tous sont des défunts d’exception, tous exigent de leur société une manipulation particulière, tous sollicitent une émotion plus profonde. De la Roumanie à la Galice, en passant par la Kabylie et, aussi et surtout, par la France du Sud, ce volume offre un parcours inédit parmi ces morts difficiles.