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Arthur Bordier (1841-1910), médecin anthropologue, fondateur de la Société dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie (Grenoble, 1894)

SOCIABILITE

. 1865 (29 décembre) : membre de la Société anatomique
. 1876 (21 décembre 1876) : membre titulaire de la Société d’Anthropologie de Paris (fondée en 1859 par Paul Broca), et dont Bordier sera vice-président, puis président en 1892.
. 1877 : fondateur de la Société de médecine publique et d’hygiène professionnelle
. 1880 (6 février) : membre de la Société de Géographie
. 1881 : membre correspondant de la Société d’Anthropologie de Bruxelles
. 1894 : fondateur de la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie dont il sera le secrétaire général jusqu’à sa mort
. membre de la Société d’Anthropologie de Lyon fondée le 10 février 1881
. membre de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences (fondée en 1872)


RECOMPENSES

. 12 juin 1878, palmes d’officier d’Académie pour l’ensemble de ses travaux
. 4 février 1880, chevalier de la Légion d’honneur
. 1896, rosette d’officier de l’Instruction publique


BIOGRAPHIE

Né dans la Sarthe, à Saint-Calais, le 3 mars 1841, Arthur Bordier fait toutes ses études à Paris. D’abord interne au Collège Sainte-Barbe, il est élève au Lycée Louis-le-Grand, où il obtient un baccalauréat littéraire en novembre 1859, puis un baccalauréat ès sciences, l’année suivante, afin d’embrasser la carrière médicale. C’est un étudiant brillant, qui sut se faire remarquer pendant l’épidémie de choléra de 1866. Interne à l’hôpital Beaujon (Clichy) en 1867, il est reçu docteur en médecine en juin 1868 et devient chef de clinique à la Faculté de Médecine de Paris.

Le médecin

Quand survient la guerre 1870-1871, il soigne d’abord les blessés à la Charité, puis quitte Paris pour Sedan, où il exerce comme chirurgien d’ambulance ; passera en Belgique, en tant que membre de l’ « Association belge de secours aux militaires blessés en temps de guerre, sous le patronage du roi des Belges » ; et exercera ensuite à Bordeaux, Lyon et Grenoble.
De retour à Paris pendant la Commune, il continue de pratiquer la médecine dans le cadre d’associations de secours aux blessés de guerre.
En juillet 1871, Arthur Bordier est médecin au Mont-de-Piété.

L’anthropologue

Elève et disciple du professeur de médecine Paul Broca (1824-1880), considéré comme le fondateur de l’anthropologie française et à l’origine de la Société d’Anthropologie de Paris, créée en mai 1859, Arthur Bordier devient membre de ladite Société fin 1876, il en sera président en 1892.
« La Société d’Anthropologie de Paris a pour but l’étude scientifique des races humaines » (Article 1er des statuts)

En 1877, il fonde la Société de médecine publique et sera membre du Conseil d’hygiène publique et de salubrité de la Seine en 1879. (En 1902, il est directeur du Bureau d’hygiène de la ville de Grenoble, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort).

A l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1878 (1er mai-31 octobre, prolongée jusqu’au 10 novembre), il participe activement à “l’Exposition des Sciences anthropologiques”, fait partie de la Commission d’organisation de l’exposition et du congrès d’anthropologie, et est chargé notamment des « vitrines de l’ethnographie générale » pour lesquelles il obtient une médaille et un diplôme.
Sur cette “Exposition des Sciences anthropologiques”, voir ci-après la “Notice sur l’Exposition des Sciences anthropologiques” extraite du Rapport administratif sur l’exposition universelle de 1878 à Paris. Paris, Imprimerie nationale, 1881, vol. 1, 3e partie “Expositions spéciales”, pp. 571-578 :
"Notice sur l’exposition des Sciences anthropologiques" :

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Profitant de cette exposition anthropologique où 36 crânes d’assassins guillotinés sont exposés, 35 provenant du Musée de Caen et 1 du Musée de l’Ecole de médecine de Paris (Musée Orfila), Arthur Bordier se livre à l’étude de ces crânes et publie son “Etude anthropologique sur une série de crânes d’assassins” dans les pages de la Revue d’Anthropologie (tome II, 1879, pp. 265-300), revue fondée en 1872 et dirigée alors par Paul Broca.
Cette étude, fameuse à l’époque, fit la renommée de Bordier et sera régulièrement rééditée sous forme de brochures.
Il y déclare (p. 278) :

« […] les assassins que j’ai étudiés sont nés avec des caractères qui étaient propres aux races préhistoriques, caractères qui ont disparu chez les races actuelles, et qui reviennent chez eux, par une sorte d’atavisme.
Le criminel ainsi compris est un anachronisme, un sauvage en pays civilisé, une sorte de monstre, et quelque chose de comparable à un animal, qui, né de parents depuis longtemps domestiqués, apprivoisés, habitués au travail, apparaîtrait brusquement avec la sauvagerie indomptable de ses premiers ancêtres. On voit parmi les animaux domestiques des exemples de ce genre : ces animaux
rétifs, indomptables, insoumis, ce sont les criminels.
Evoquons par la pensée un de nos ancêtres préhistoriques et introduisons-le dans les rangs serrés et hiérarchisés de notre ordre social : ce sera un criminel. – Le criminel actuel est venu trop tard : - plus d’un, à l’époque préhistorique, eut été un chef respecté de sa tribu.
Lorsque plus tard nous étudierons le dossier de certains criminels, qui figurent dans ce travail, nous serons frappés de trouver en eux des superstitions, des faiblesses, des puérilités qu’on voit encore s’allier avec la plus grossière bestialité chez les sauvages
 ».

Le professeur

En 1878, Bordier est nommé titulaire de la nouvelle chaire de géographie médicale à l’Ecole d’anthropologie de Paris, chaire qu’il occupera jusqu’en 1895.
En un premier temps, il publie ses cours, “Cours de géographie médicale”, dans une revue médicale, La Gazette médicale de Paris ; puis en fait un livre : La Géographie médicale, publié à Paris, librairie Reinwald, 1884, XXIV-662p. et cartes, dans la prestigieuse collection “Bibliothèque des Sciences contemporaines”, lancée en 1876.
La géographie médicale est pour lui avant tout « la pathologie comparée des races humaines ».

Par ailleurs, il fait partie, avec le folkloriste Paul Sébillot (1843-1918), de l’équipe des 12 rédacteurs dont l’anthropologue préhistorien Gabriel de Mortillet (1821-1898) s’est entouré pour faire paraître la revue L’Homme. Journal illustré des sciences anthropologiques (1884-1887), qu’il vient de fonder.

Le directeur de l’Ecole de médecine de Grenoble

En 1894, il est nommé directeur de l’Ecole de médecine et de pharmacie de la ville de Grenoble, où il enseignait l’histoire naturelle depuis 1892. Il se fixe alors définitivement à Grenoble.
Ses premiers contacts scientifiques avec Grenoble remontent à 1881 lorsque, membre d’une Commission consultative chargée de l’inspection du Muséum de Grenoble, il proposait ses services au conservateur du Muséum de l’époque, Léon Penet, pour étudier et valoriser sa collection d’anthropologie.

Dès sa nomination à la direction de l’Ecole de médecine, Bordier recrute comme bibliothécaire de l’Ecole Hippolyte Müller (1865-1933) -le futur fondateur du Musée dauphinois- qu’il avait rencontré lors du congrès de l’AFAS (Association Française pour l’Avancement des Sciences) qui se tenait à Grenoble en 1885.
En 1896, il rédigera l’histoire de l’Ecole de médecine de Grenoble, publiée sous le titre suivant : La Médecine à Grenoble. Notes pour servir à l’histoire de l’Ecole de médecine et de pharmacie (Grenoble, Rigaudin, XX-295p.).

Enfin, en 1894, le docteur Bordier fonde à Grenoble la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie dont il sera le secrétaire général à vie.

Il meurt à Grenoble à l’âge de 69 ans, en février 1910.



PUBLICATIONS DU DOCTEUR A. BORDIER

Liste chronologique des travaux du docteur Bordier (extraite du Bulletin de la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie, n° 1et 2, mars-juin 1910, pp. 18-20) :

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POUR EN SAVOIR PLUS…

Picaud, A. “Le Docteur Arthur BORDIER”. Bulletin de la Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie, n° 1 et 2, mars-juin 1910, pp. 11-15 [notice nécrologique]

Renneville, Marc. “L’anthropologie du criminel en France”. Criminologie, vol. 27, n° 2, 1994, pp. 185-210



Fiches en relation :

- Müller, Hippolyte

- Société dauphinoise d’ethnologie et d’anthropologie




Auteur
Florence Galli-Dupis
Ingénieur d’études CNRS
Lahic/IIAC (UMR 8177)
Archivethno France
2010


Médecin, anthropologue disciple de Paul Broca et adepte du darwinisme, Arthur Bordier fut professeur d’anthropologie médicale à Paris